La péninsule indienne, fournisseuse de cinquante pour cent des ingénieurs informatique du Monde, et d'un peu plus du tiers des chauffeurs de taxi de la Côte Est des Etats-Unis d'Amérique.
Car c'était bien là qu'avait lieu la scène, dans un taxi de Libertytown à la livrée caractéristique, d'un modèle on ne pouvait plus commun. Ce genre de véhicule connu internationalement pour convoyer les Américains pressés d'un point A à un point B pour un prix défiant toute concurrence. Dans le sens le plus commun de "défier", comme lorsque qu'un individu A lève son majeur vers un individu B pour lui signifier toute l'inimitié qu'il ressent pour ses opinions à la vacuité de toute façons probablement établie.
Dans le cas du taxi de l'Ava Caldwell, cette inimitié se ressentait jusque dans le comportement du chauffeur, qui ne se gênait pas pour exprimer son désaccord avec sa passagère d'une bien désagréable manière.
" ... Non, non, je ne cherche absolument pas à- " tenta de placer l'Ava.
" Ah mais je vois clair dans votre jeu, vous penchez que vous jêtes plus jintelligente pajque vous jêtes née en Amérique ! "
Un argument curieux à coller sur le dos de l'Ava Caldwell, qui, si elle n'avait pas un atroce accent caricatural, avait tout de même contre elle, dans son verbiage, une pointe d'accent d'Europe de l'Est. Juste assez pour se faire classer comme prostituée potentielle pour la police locale et comme fourniture de bûcher pour le Ku Klux Klan.
" Je ne suis pas née en Amérique, qu'est-ce que- "
" Non non, ch'est la même chose, vous jêtes blanche, et vous croyez que vous pouvez me faire la morale jur mes jorigines, comme ji tout les J'Indiens venaient du Penjab ! Mais je suis de Pondichéry, madame, pas du Penjab ! "
" Je n'ai jamais- "
" J'ai un doctorat en littérature américaine, madame ! J'ai le droit au rejpect, comme tout les jêtres vivants !.. "
Le regard accusateur du pilote trouvait, dans le rétroviseur un écho plein d'incompréhension dans les yeux verts de sa passagère. Un passagère qui ne savait véritablement pas comment réagir à l'un des Terriens les plus contradictoire qu'il lui ait été donné de rencontrer. C'était un mystère anthropologique qui la laissait, sur son moleskine, avec un portrait croqué à la va-vite et une série de ce qui représentait, dans sa langue de Chroniqueuse, une myriade de points d'interrogation.
" ... Vous travaillez pour Fojk Newj en fait, hein ? " continua le conducteur, sans s’embarrasser d'attendre une quelconque réponse, " Vous jêtes la honte de ce- "
" J'en ai rien à foutre. " répliqua sèchement l'Ava Caldwell, qui avait avalé suffisamment de couleuvres pour la journée, " Si vous pouviez simplement me conduire à St. Pancras, en me laissant profiter de la musique, je vous en serait reconnaissante. "
" J- "
Le claquement du moleskine fut volontairement sonore.
" Non. Pas un mot de plus. " appuya-t-elle, comme si la fermeture de son principal instrument de travail sur le plan terrestre n'était pas un signe suffisamment puissant. Cela, et son regard plus meurtrier que le spectre d'une incursion militaire pakistanaise sur le Cachemire.
Étonnamment, il n'y eût pas un mot de plus jusqu'à l'Eglise de St. Pancras. Étonnamment, aussi, il n'y eût pas de pourboire.
L'Ava Caldwell n'était pas américaine, après tout. C'était une pratique qui lui était - étonnamment - étrangère. Elle aurait pu appuyer l'ironie d'un clin d’œil complice à un potentiel co-passager, mais elle n'était pas d'humeur à appuyer l'ironie, et Saoirse n'était pas là.
Heureusement qu'il y avait St. Pancras, pour se réconforter. Une curieuse méthode de réconfort s'il en était, mais l'architecture toute grandiloquente - néo-gothique - du bâtiment, tout en arcs brisés, en rosaces, en pointes et en vitraux lui faisait chaud au cœur. Cela lui rappelait la maison, en un sens. C'était une architecture comparable à son monde natal, pleine de force et d'expression, un appel à la renaissance - ou tout du moins, cela l'était, par chez elle -. Un lieu de culte et de convivialité, un lieu d'étude, d'écoute, un refuge et un abri pour les nécessiteux et les âmes en danger ...
Était. Et cela n'était que chez elle. Cela n'était que chez elle, et sous ce que l'on pourrait appeler "son Règne " par commodité. Une ère pendant laquelle c'était à elle que l'on érigeait ce genre d'édifices.
Difficile de dire si il était question de progrès ou de mégalomanie.
Difficile de deviner ce qu'il en était advenu, de toutes façons, depuis le départ de l'objet du culte.
Mieux valait ne pas y penser, en fait. Cela ne faisait que rouvrir des blessures que l'Ava Caldwell s'empressa d'adresser avec une paire de gélules sorties d'un tube en plastique bien à l'abri dans sa besace, à côté du moleskine.
L'Ava Caldwell resta là une bonne minute, à savourer la montée de chaleur en elle à mesure que les pensées morbides prenaient la fuite. Puis ce fut avec un grognement fugace et subtil de satisfaction qu'elle rouvrit les yeux et reprit sa marche vers l'entrée de l'orphelinat. C'était bien là que devait se dérouler l'action : l’Étrangère balafrée avait un papier à rendre, car tout n'était pas que Chronique, dans la vie !
Et quand la porte de ce refuge pour déshérités s'ouvrit, sa personnalité d'Archange dévote et amie du peuple, malgré sa déchéance, fut prompte à revenir sur le devant de la scène. Il pourrait être dit beaucoup de choses sur l'Ava Caldwell, mais il était certain qu'elle avait l'amour et le respect le plus profond pour les petites gens que la force des choses avait injustement placé sur le côté.
" Bonjour, ma fille, " annonça-t-elle avec le respect le plus profond et le plus solennel, " Je suis Ava Caldwell, journaliste pour Slugline, je vous ai contacté il y a plusieurs jours de cela à propos du petit Kyle Icks que vous avez recueilli, afin de recueillir son témoignage. Est-il toujours possible de le voir ? "
Car c'était bien là qu'avait lieu la scène, dans un taxi de Libertytown à la livrée caractéristique, d'un modèle on ne pouvait plus commun. Ce genre de véhicule connu internationalement pour convoyer les Américains pressés d'un point A à un point B pour un prix défiant toute concurrence. Dans le sens le plus commun de "défier", comme lorsque qu'un individu A lève son majeur vers un individu B pour lui signifier toute l'inimitié qu'il ressent pour ses opinions à la vacuité de toute façons probablement établie.
Dans le cas du taxi de l'Ava Caldwell, cette inimitié se ressentait jusque dans le comportement du chauffeur, qui ne se gênait pas pour exprimer son désaccord avec sa passagère d'une bien désagréable manière.
" ... Non, non, je ne cherche absolument pas à- " tenta de placer l'Ava.
" Ah mais je vois clair dans votre jeu, vous penchez que vous jêtes plus jintelligente pajque vous jêtes née en Amérique ! "
Un argument curieux à coller sur le dos de l'Ava Caldwell, qui, si elle n'avait pas un atroce accent caricatural, avait tout de même contre elle, dans son verbiage, une pointe d'accent d'Europe de l'Est. Juste assez pour se faire classer comme prostituée potentielle pour la police locale et comme fourniture de bûcher pour le Ku Klux Klan.
" Je ne suis pas née en Amérique, qu'est-ce que- "
" Non non, ch'est la même chose, vous jêtes blanche, et vous croyez que vous pouvez me faire la morale jur mes jorigines, comme ji tout les J'Indiens venaient du Penjab ! Mais je suis de Pondichéry, madame, pas du Penjab ! "
" Je n'ai jamais- "
" J'ai un doctorat en littérature américaine, madame ! J'ai le droit au rejpect, comme tout les jêtres vivants !.. "
Le regard accusateur du pilote trouvait, dans le rétroviseur un écho plein d'incompréhension dans les yeux verts de sa passagère. Un passagère qui ne savait véritablement pas comment réagir à l'un des Terriens les plus contradictoire qu'il lui ait été donné de rencontrer. C'était un mystère anthropologique qui la laissait, sur son moleskine, avec un portrait croqué à la va-vite et une série de ce qui représentait, dans sa langue de Chroniqueuse, une myriade de points d'interrogation.
" ... Vous travaillez pour Fojk Newj en fait, hein ? " continua le conducteur, sans s’embarrasser d'attendre une quelconque réponse, " Vous jêtes la honte de ce- "
" J'en ai rien à foutre. " répliqua sèchement l'Ava Caldwell, qui avait avalé suffisamment de couleuvres pour la journée, " Si vous pouviez simplement me conduire à St. Pancras, en me laissant profiter de la musique, je vous en serait reconnaissante. "
" J- "
Le claquement du moleskine fut volontairement sonore.
" Non. Pas un mot de plus. " appuya-t-elle, comme si la fermeture de son principal instrument de travail sur le plan terrestre n'était pas un signe suffisamment puissant. Cela, et son regard plus meurtrier que le spectre d'une incursion militaire pakistanaise sur le Cachemire.
Étonnamment, il n'y eût pas un mot de plus jusqu'à l'Eglise de St. Pancras. Étonnamment, aussi, il n'y eût pas de pourboire.
L'Ava Caldwell n'était pas américaine, après tout. C'était une pratique qui lui était - étonnamment - étrangère. Elle aurait pu appuyer l'ironie d'un clin d’œil complice à un potentiel co-passager, mais elle n'était pas d'humeur à appuyer l'ironie, et Saoirse n'était pas là.
Heureusement qu'il y avait St. Pancras, pour se réconforter. Une curieuse méthode de réconfort s'il en était, mais l'architecture toute grandiloquente - néo-gothique - du bâtiment, tout en arcs brisés, en rosaces, en pointes et en vitraux lui faisait chaud au cœur. Cela lui rappelait la maison, en un sens. C'était une architecture comparable à son monde natal, pleine de force et d'expression, un appel à la renaissance - ou tout du moins, cela l'était, par chez elle -. Un lieu de culte et de convivialité, un lieu d'étude, d'écoute, un refuge et un abri pour les nécessiteux et les âmes en danger ...
Était. Et cela n'était que chez elle. Cela n'était que chez elle, et sous ce que l'on pourrait appeler "son Règne " par commodité. Une ère pendant laquelle c'était à elle que l'on érigeait ce genre d'édifices.
Difficile de dire si il était question de progrès ou de mégalomanie.
Difficile de deviner ce qu'il en était advenu, de toutes façons, depuis le départ de l'objet du culte.
Mieux valait ne pas y penser, en fait. Cela ne faisait que rouvrir des blessures que l'Ava Caldwell s'empressa d'adresser avec une paire de gélules sorties d'un tube en plastique bien à l'abri dans sa besace, à côté du moleskine.
L'Ava Caldwell resta là une bonne minute, à savourer la montée de chaleur en elle à mesure que les pensées morbides prenaient la fuite. Puis ce fut avec un grognement fugace et subtil de satisfaction qu'elle rouvrit les yeux et reprit sa marche vers l'entrée de l'orphelinat. C'était bien là que devait se dérouler l'action : l’Étrangère balafrée avait un papier à rendre, car tout n'était pas que Chronique, dans la vie !
Et quand la porte de ce refuge pour déshérités s'ouvrit, sa personnalité d'Archange dévote et amie du peuple, malgré sa déchéance, fut prompte à revenir sur le devant de la scène. Il pourrait être dit beaucoup de choses sur l'Ava Caldwell, mais il était certain qu'elle avait l'amour et le respect le plus profond pour les petites gens que la force des choses avait injustement placé sur le côté.
" Bonjour, ma fille, " annonça-t-elle avec le respect le plus profond et le plus solennel, " Je suis Ava Caldwell, journaliste pour Slugline, je vous ai contacté il y a plusieurs jours de cela à propos du petit Kyle Icks que vous avez recueilli, afin de recueillir son témoignage. Est-il toujours possible de le voir ? "