Of Fists and Blasts.
Gabriel Anson
&
Gabrielle A. Reyes
Milieu de la nuit
Beta - Somewhere
_________________________________________________________
Deidara n’en pouvait plus, et son appartement, aussi spacieux soit-il commençait à faire pâle figure.
Maudit soit ces attentats qui avaient ouvert la chasse aux poseurs de bombes. A peine un « BANG » retentissait dans la rue et c’était la débandade. Les gens hurlaient et les flics rappliquaient dans les minutes qui suivaient.
C’était la raison pour laquelle, il avait dû mettre de côté sa passion quelques temps, ou du moins, il avait essayé. Le fait est qu’il était… Dépendant. Accro’. Comme s’il s’était essayé à une putain de drogue, et ses crises de manque devenaient… Destructrices. Outre ses meubles qui subissaient ses fréquentes sautes d’humeurs, il en était arrivé à un stade où pratiquer son art entre les murs de son chez lui semblait une idée relativement sensée.
Et voilà comment il en était arrivé là, les sonos de son appartement poussées à fond, ses basses faisant vibrer le sol et les murs sur le rythme de sa playlist Hard Rock. Il fallait bien ça pour étouffer le bang sonore des petites explosions qui retentissaient à intervalles réguliers.
Le problème était que l’artiste était encore en phase expérimentale. Son pouvoir était loin d’être stable, et réussir à le manipuler était chose encore ardue pour lui. Sans compter les longs et pénibles jours durant lesquels il n’avait pas eu l’occasion de s’exercer… Et bien, voilà comment il avait à présent une cuisine ouverte sur la salle de bain… En plus de la chambre donnant sur le toilette, ce qui n’était pas une mauvaise chose en soit, deux portes en moins à ouvrir lorsqu’on a la vessie pleine, c’est plutôt un avantage non ? Quoi ?! on appelle ça positiver.
Un long soupire passa les lèvres du blond qui suivait du regard les morceaux de plâtre tomber un à un sur le plan de travail de sa cuisine hors de prix. Il ramassa son portable pour éteindre la musique et alla emballer son matériel. Ça avait assez duré, il fallait qu’il sorte. Il avait besoin faire partir quelque chose en fumée, quoi que ce soit.
Il attrapa son sac à dos réversible, un extérieur noir, un intérieur rouge, qu’il pouvait retourner comme bon lui semblait. Pratique quand on devait échapper à une description donnée par un témoin. L’androgyne enfila ensuite un gilet, ses mitaines en cuir, un keffieh gris et noir et ses converses avant de sortir en jogging, le sac sur l’épaule et de fermer à clés derrière lui.
Pas moyen de prendre sa moto ce soir, il aurait à marcher ou prendre les transports en commun, ce qui honnêtement, l’emmerdait royalement. La nuit était déjà tombée, et le vent était plus frais qu’il ne l’aurait crû. Hors de question cependant de remonter les presque 30 étages qui menaient à son loft, ascenseur ou pas, c’était bien trop long. Un petit sacrifice nécessaire pour avoir une vue imprenable sur la ville.
Son périple commença donc ainsi, les mains fourrées dans les poches de son gilet, capuche sur la tête pour garder un maximum de chaleur, et permettant de cacher ses longs cheveux blonds aux passants des quartiers mal famés. Combien de fois se faisait-il siffler dans la rue par des attardés incapable de faire la différence entre un homme et une femme. Très bien, le blond était de mauvaise foi. Il y avait de quoi se confondre, et il aurait dû être habitué avec le temps. Et pourtant, se faire appeler « jolie gonzesse » ou « mademoiselle » le foutait toujours en pétard, peu importe ô combien il était « charmante. »
Enfin, l’artiste arriva à bon port. Bêta, quartier sous la main des Crows, plus malfamé, tu meurs. Entendre un boom par ici était cependant moins exceptionnel ici qu’en plein Alpha, Gamma ou Epsilon. Les coups de feu allaient bon train dans les rues, entre règlements de comptes et coups fourrés, ça n’était pas un petit « Bang » qui faisait peur aux habitants de ces quartiers. C’est donc ici que choisit de se retrancher Gabriel. Il avait besoin de se détendre, de se changer les idées, et plus important encore, de s’entraîner. Il lui fallait trouver un endroit relativement isolé, loin des ruelles passantes et des bordels pas cher.
Encore quelques minutes de marche, et Hallelujah, il avait un spot. Un vaste et désert hangar ( Qui faisait pâle figure si vous voulez son avis. ), quoi de mieux ? Bon, ça résonnerait un peu, et pour être franc, l’artiste n’était pas convaincu que la structure était stable, mais il une chose était sûre, le blond avait assez marché pour la soirée.
Il laissa la bandoulière de son sac à dos glisser de son épaule et rattrapa ce dernier avant de l’ouvrir et de déballer ses affaires. Il avait par habitude empaqueté ses différents combustibles favoris mais finalement, il était presque certain de ne pas déclencher un incendie ce soir, peu importe ô combien il était frustré. Il était là pour travailler son art. C’est donc sa sacoche d’argile qu’il sortit. Il n’avait pas emporté plus d’un kilo de matière, mais il était certain d’avoir assez pour ses projets de ce soir.
L’androgyne enleva ses mitaines et les posa sur le sol légèrement humide avant de s’y asseoir en tailleur. Il échauffa lentement les articulations de ses doigts fraîchement manucurés, les ongles peint d’un aubergine sombre, en observant d’un œil attentif les bouches se trouvant au creux de ses paumes de mains. Elles prenaient chacune de longues gorgées d’air, langue dehors, se léchant et mordillant les lèvres, visiblement soulagées d’être libérées de leur prison de cuir. Il devait bien l’avouer, il était toujours fasciné par ces dernières. Voir de nouveaux organes apparaître sur son corps avait été toute une aventure, mais maintenant qu’elles y étaient, il sentait qu’elles y étaient à leur place, d’une certaine manière.
Deidara attrapa son sac d’argile, le posa entre ses jambes, et laissa sa main droite mordre dans la pâte blanchâtre. Il réitéra l’opération avec la main gauche et ferma les yeux pour se concentrer sur la mastication. Lentement, il imprégnait la terre malléable de sa salive, et après une trentaine de secondes, il laissa sa main droite recracher la boule blanche qu’elle avait formée, pour sculpter la première chose qui lui traversa l’esprit. Une petite souris blanche prit forme entre ses mains en l’espace d’une dizaine de secondes, avant qu’il ne la pose délicatement devant ses pieds.
C’est maintenant que venait le vrai travail. Tandis que sa main gauche mâchonnait sans y mettre beaucoup d’énergie, l’artiste avait l’oeil rivé sur sa création. Il attendait quelque chose d’elle, il attendait qu’elle prenne vie. Pas d’elle-même non, c’était lui qui devait la guider. La faire sauter était instinctif, il n’avait aucun mal à créer l’explosion. La faire bouger était une autre paire de manches, mais il y parvenait, avec de l’entraînement. Il était juste un peu rouillé, voilà tout.
La queue bougea en premier, puis les oreilles, et enfin la tête. Le corps suivit, et voilà que la petite création était en mouvement. Appelez moi Dr Frankenstein ! Le sourire triomphant qui étirait les lèvres du blond ne cessait de croître alors qu’il faisait trottiner sa créature dans le hangar.
Après quelques instants de ce petit jeu, il se redressa légèrement, le lâchant pas des yeux la sculpture qui galopait avant de prendre une longue inspiration.
- L’Art… Est explosion. Se murmura-t-il à lui même.
Et l’explosion fut, illuminant quelques millisecondes le hangar désert, résonnant et faisant vibrer l’artiste dans un frisson qui lui remonta le long de l’échine. Le rythme de son cœur s’était accéléré dans l’excitation du moment, et il relâcha alors son souffle, laissant s’évaporer avec ce dernier toutes les petites irritations du quotidien.
Dieu tout puissant, s’il y en avait un ; Que c’était bon. Comment avait-il pu s’en passer, ne serait-ce que quelques jours ? Ça semblait impensable pour le jeune homme, qui recracha enfin la seconde boule d’argile, tout en remplissant de nouveau ses bouches vides. C’était un oiseau qui prenait forme cette fois-ci, bien moins réaliste que l’avait été le rongeur. Il laissait ses doigts glisser lentement sur la pâte, créant les courbes désirées, lissant délicatement les arrêtes, jusqu’à ce qu’il fut satisfait de son petit chef d’oeuvre stylisé, qu’il posa de nouveau devant lui.
Il le regarda sautiller quelques secondes, le fit battre des ailes et l’observa tenter de s’élever avec maladresse. S’il n’avait pas était aussi submergé par l’instant, il aurait sûrement entendu les pas qui s’approchaient lentement, il aurait écouté son instinct, ses sens, lui criant qu’il n’était plus seul. Mais il était seul dans son petit monde, lui et son art uniquement. Le sourire qui trônait sur ses lèvres ne faiblissait pas et son regard brillait d’une lueur presque maniaque lorsque le BANG retentit de nouveau, l’inondant de ce sentiment d’exaltation qui lui était terriblement addictif.
- Magnifique, hm.
- Spoiler: