Il n'eut le loisir de rester seul que quelques minutes. Mais cela lui sembla être une éternité. Une éternité pendant laquelle il eut tout le loisir d'imaginer sa vie avec un fils. Aurait-il changé ? Comment ? Échapper à son choix de vie ? Ou bien prendre des précautions adéquates ? Tant de questions, de scénarios, qui au final n'ont aucun intérêt. Aucun effet autre que de le faire souffrir.

Abel, son frère, peut-être était-il mort pensait-il. Le monde entier le pense mort d'ailleurs, mais Cain a simplement bien caché les choses. Si bien qu'il n'a lui-même aucune idée de la situation dans laquelle son frère peut être. Un moyen de s'assurer de ne pas s'inquiéter en permanence. Il ne pouvait simplement rien faire et ne savait absolument rien, donc n'avait pas à y prêter la moindre pensée. C'était tout aussi simple que ça.

Hannibal le rejoint dans la grande baignoire. Elle comptait pour lui, doucement, en quelques heures à peine, il s'en rendait plus compte que jamais. Il avait toujours su qu'elle occupait une place spéciale dans sa vie, mais jamais n'avait il imaginé que c'était autre chose qu'un simple jouet deluxe. Il le comprenait maintenant. Il le comprenait trop tard. Lorsqu'elle plongea ses yeux dans les siens, il ne semblait pas triste ni même en colère. Il avait juste cette expression habituelle, cette expression tant délicate à lire. Elle l'embrasse alors. Il ne le remarque pas particulièrement, mais c'était sans doute l'une des premières fois qu'elle prenait l'initiative de l'acte envers lui, sans y être "forcée".

Tu me changes, Hannibal... Comme si... j'étais incomplet sans toi.

Toi aussi tu as changé.

J'ai confiance en toi à présent... N'oublie jamais ces mots, je ne les répéterai pas, mais ça ne changera jamais.

Doucement, ses mains glissent sous les vêtements trempées d'Hannibal et les soulèves, les faisant glisser le long de ses bras, relevés au dessus de sa tête, la déshabillant rapidement. Il se relève avec elle, se saisit du pommeau de douche et lie le tuyau autour des poignets joints de la belle, bras tendus au dessus de sa tête. Attrapant un essuie-mains sur le bord de la baignoire, il lui lie autour des yeux. Si elle ne pouvait plus rien voir désormais, le lien autour de ses poignets était volontairement pas trop serré, comme pour lui laisser exprès le loisir de le défaire à sa convenance.

Délie tes mains et attrape mon avant bras si tu veux que j'arrête. Les mots ne suffiront pas.