Note : Yo o/. Le RP étant libre, n'hésitez pas à venir si l'envie vous prend. La seule indication est la limite de 4 en même temps. Parce que je crains que ce soit le bordel, après. Je verrais pour l'augmenter en fonction, mais je pars sur ce chiffre là pour le moment, le temps de voir comment ça se passe. De fait, vous partez et venez quand vous voulez. etc etc. La liste sera mise à jour régulièrement ! Voilà voilà °°
Place Europe – Epsilon, 23 Décembre 2016.Une fin de journée à l’image des contes pour enfant ; vivantes petites rues et grandes allées aux moult nationalités. Une fête approchait, dont les débuts sonneraient certainement sous quelques heures. Un événement qui viderait probablement les bars et les quelques magasins encore ouverts. Ou peut-être serait-ce l’exact opposé. Une mixité jouisseuse de ces délicieuses réunions de fin d’année. Et les proches se retrouveraient ainsi attablés à ce meuble de bois, supportant de ses planches les milles et unes assiettes de ces êtres chers. Une vision bien idéalisée, de nos jours. Car d’autres y voyaient également le moyen de reprendre contact, ne serait-ce que pour une journée. Le temps de quelques heures, avant que chacun de retourne dans l’oubli des abysses domestiques. Avant que chacun ne reprenne sa propre route vers l’avenir, tandis que certains se tourneraient davantage vers le passé. Passé douloureux d’une perte, d’un deuil. Ou d’autres choses.
Parmi ces nombreuses têtes parcourant les rues se trouvait cette encapuchonnée, dont quelques mèches de coquelicots indisciplinées s’échappaient encore. Une silhouette telle, qu’elle passerait certainement inaperçue, s’il n’y avait pas cette distinction apparente. Tel une mystérieuse âme rodant dans le quartier, la jeune femme filait entre les corps, paquets en bras, afin de regagner son domicile. Fantôme humain. Hélas, elle, cette vie nommée Maryana, existait réellement. Un être fait de chair et de sang. Un être soumis à l’étrange notion de vie et de mort.
Perles marines se levant quelques instants vers cette étendue originellement azurée, devenu peu à peu ivoiré. Ciel cotonneux libérant ces quelques billes semblables au blanc duvet d’un cygneau. Soupire profond, laissé à l’abandon au fond d’une gorge couverte de cette étoffe de jais. Un tissu quittant bien assez tôt partiellement son cou, tombant ainsi sur son épaule, pour finalement se loger vers l’avant. Aussitôt, quelques fins doigts se libérèrent momentanément, en vue de replacer celui-ci correctement sur l’épaule. Tumultueuse tentative, se soldant bien malgré-elle par un échec cuisant. Un pas. Deux pas. Une semelle terminant sa course dans un trou de goudron verglacé, des jambes s’emmêlant entre elles alors même qu’elles tentaient de regagner l’équilibre. En définitive, une Kovalevski perdant pieds, prête à s’étaler lamentablement sur le sol comme une crêpe se collerait contre un plafond. Pitoyable impression. Non pas impression qu’elle renvoyait à ces visages sans nom, dont elle ignorait jusqu’à l’existence même. Plutôt à cet esprit qui exécrait la pitié. Elle-même.
Une main se rattrapant ainsi maladroitement sur le rebord d’une chaise, sous le regard curieux d’un brun qui seyait là, un verre porté aux lèvres. Un corps percutant, et des paquets finissant par s’éparpiller lourdement sur le sol. Tsh. C’était bien l’moment bordel. Manquait plus qu’ça. Foutu karma, vas faire chier quelqu’un d’autre ! Paume de la main rougie par l’altercation entre le matériau et la peau. Mais la jeune femme n’y prêtât guère attention, focalisée sur les cornets de papiers à ramasser. Comme un ultime avertissement, le bruit léger d’une langue claquant sèchement contre l’intérieur d’une bouche. S’en suivit un furtif roulement d’yeux, observant presque ces gens qui se tenaient là. Duel de billes. Et certainement se moquaient-ils de cette distraite petite chose, pourtant pas fragile pour un sou. Eux, et surtout l’homme attablé là, juste en face de son propre visage. Visage retournant aussitôt à ses occupations : récupérer les sacs aussi rapidement que possible. Sans faire de vague.
Déjà qu’on m’fait chier avec c’te fête à la con, faut pas pousser l’bouchon trop loin non plus. Surtout si vous voulez pas finir dans l’ravin. Connards. C’est qu’elle devenait un tantinet sanguine, cette rouquine. Parce qu’elle n’affectionnait pas Noel plus que cela. Certainement cela rappelait-il ces douloureux souvenirs non pas d’un père fantôme, mais d’une mère absente. L’amère sensation d’être laissée pour compte, c’était le goût qui hantait ses papilles depuis cette brutale cessation de contact. Inattendue et désastreuse coupure, ayant eu l’effet d’une bombe sur cette relation fraternelle déjà fragile.
Ignorant le reste pour un temps, l’informaticienne inspecta l’une des couvertures. Abimée, froissée par endroit ; nul doute que le composant se trouvant dans le contenant avait également été touché, lui aussi. Agacement faible, mais perceptible. Une perte de patience, déferlant peu à peu dans cet esprit. Un cadeau qu’elle s’était autorisé à elle-même, afin d’augmenter les compétences d’un outil de travail commençant à se faire vieux. Plus aux gouts du jour. Mais surtout, plus aussi performant qu’à ses premiers jours.
« ‘Chier. Il m’a coûté un bras c’truc là. Manquerait plus qu’il soit pété. »
Avec ces quelques mots, la furieuse envie de balancer le paquet sur le sol. Impulsivité retenue. Parce qu’elle n’était pas idiote pour autant, Maryana. Après tout, peut-être n’était-il pas brisé, cet objet. Peut-être n’avait-il pas été touché de quelque manière que ce soit.
« Quoi. Qu’est c’que t’as, toi ? Tu veux ma photo p’t’être ? »
Connard. Irritée, cette petite rousse. Irritable. Une réplique sortie d’elle-même, en prévision d’un possible son à venir, prenant la sournoise apparence d’une moquerie déguisée. Autant prévoir le coup. Car la jeune femme ne se permettait pas d’assouvir cette colère soudaine sur l’objet en question. En revanche, celle-ci ne semblait pas le moins du monde gêné pour le faire ressentir à quelconque passant ou étrangers. Pas même à cet homme, dont elle n’avait pas encore perçu les traits. Et sans doute y avait-il deux raisons à cela ; en premier lieu, le fait qu’elle se fichait éperdument des inconnus. Après tout, elle n’était pas là pour enfiler des perles, ni même tenter de faire un brin de causette avec de potentiels indésirables. Enfin, ce présent probablement détruit polarisait son attention. Totalement. Si bien que ces perles cobalt n’avaient pas encore pris la peine de se porter sur l’entourage.
Futilités, se disait-elle. Mais peut-être pas autant qu’elle le pensait. En somme, il arrivait parfois que l’anodin prenne une certaine profondeur. Sombre préjugé, inutilement tenace.